Ce qui finit par intriguer dans les photographies de Myrtille sur la Palestine, c’est la manière dont elle a su rendre compte de cette attitude qui nous semble presque inconcevable en occident : la dignité de la pauvreté. En effet, la pauvreté occidentale est une déchéance. Ou du moins l’Occident la perçoit ainsi. La simplicité y est un dépouillement, un dénuement, une privation qui atteint jusqu’à l’intégrité de l’âme humaine. Le pauvre en Occident n’est plus vraiment un homme aux yeux de la société et lui-même ne se perçoit plus comme tel. Ce qui frappe dans les photos de femmes palestinienne photographiées par Myrtille, c’est au contraire leur extrême dignité, on pourrait dire leur grandeur d’âme, écrasant la pauvreté sans la nier. Car ces femmes semblent constamment faire, sans le savoir, une distinction que nous avons bien du mal à opérer entre la souffrance et la pauvreté. Elles sont là, posées dans ces conditions sociales, économiques et politiques dont leur environnement immédiat et leurs vêtements témoignent clairement, dont elles savent qu’elles ne sortiront probablement jamais, mais avec une étrange distance, une sorte de refus à la fois grave et intraitable de se confondre avec la pauvreté qui les entoure… sans pouvoir les enfermer.
La dignité de la pauvreté : exposition photographique de Myrtille de Grégoire Perra est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 3.0 non transposé.
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